Choix d'un folio Manuscrit C
Ms C 32v
à se replier sur elle-même. Alors au lieu de l'unir au bon Dieu, cette correspondance (même éloignée) qu'elle aurait sollicitée lui occuperait l'esprit ; en s'imaginant faire monts et merveilles, elle ne ferait rien du tout que de se procurer, sous couleur de zèle, une distraction inutile. Pour moi, il en est de cela comme du reste, je sens qu'il faut, pour que mes lettres fassent du bien, qu'elles soient écrites par obéissance et que j'éprouve plutôt de la répugnance que du plaisir à les écrire. Ainsi quand je parle avec une novice, je tâche de le faire en me mortifiant, j'évite de lui adresser des questions qui satisferaient ma curiosité ; si elle commence une chose intéressante et puis passe à une autre qui m'ennuie sans achever la première, je me garde bien de lui rappeler le sujet qu'elle a laissé de côté, car il me semble qu'on ne peut faire aucun bien lorsqu'on se recherche soi-même.
Ma Mère bien-aimée, je m'aperçois que je ne me corrigerai jamais, me voici encore partie bien loin de mon sujet, avec toutes mes dissertations ; excusez-moi, je vous en prie, et permettez que je recommence à la prochaine occasion puisque je ne puis faire autrement !... Vous agissez comme le bon Dieu qui ne se fatigue pas de m'entendre, lorsque je Lui dis tout simplement mes peines et mes joies comme s'Il ne les connaissait pas... Vous aussi, ma Mère, vous connaissez depuis longtemps ce que je pense et tous les événements mémorables de ma vie ; je ne saurais donc vous apprendre rien de nouveau. Je ne puis m'empêcher de rire en pensant que je vous écris scrupuleusement tant de choses |
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