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Ms A 76v

[comprenais]  prenais qu'une chose : Je n'avais pas la vocation !... Ah ! comment dépeindre l'angoisse de mon âme ?... Il me semblait (chose absurde qui montre que cette tentation était du démon) que si je disais mes craintes à ma maîtresse elle allait m'empêcher de prononcer mes Saints Voeux ; cependant je voulais faire la volonté du bon Dieu et retourner dans le monde plutôt que rester au Carmel en faisant la mienne ; je fis donc sortir ma maîtresse et remplie de confusion je lui dis l'état de mon âme... Heureusement elle vit plus clair que moi et me rassura complètement ; d'ailleurs l'acte d'humilité que j'avais fait venait de mettre en fuite le démon qui pensait peut-être que je n'allais pas oser avouer ma tentation. Aussitôt au j'eus fini de parler mes doutes s'en allèrent, cependant pour rendre plus complet mon acte d'humilité, je voulus encore confier mon étrange tentation à notre Mère qui se contenta de rire de moi.

Le matin du 8 Septembre, je me sentis inondée d'un fleuve de paix et ce fut dans cette paix «surpassant tout sentiment» que je prononçai mes Saints Voeux... Mon union avec Jésus se fit, non pas au milieu des foudres et des éclairs, c'est-à-dire des grâces extraordinaires, mais au sein d'un léger zéphyr, semblable à celui qu'entendit sur la montagne notre père St Elie... Que de grâces n'ai-je pas demandées ce jour-là !... Je me sentais vraiment la reine, aussi je profitais de mon titre pour délivrer les captifs, obtenir les faveurs du Roi envers ses sujets ingrats, enfin je voulais délivrer toutes les âmes du purgatoire et convertir les pécheurs... J'ai beaucoup prié pour ma Mère, mes Soeurs chéries... pour toute la famille, mais surtout pour mon petit Père, si éprouvé et si saint... Je me suis offerte à Jésus afin qu'Il accomplisse parfaitement en moi sa volonté sans que jamais les créatures y mettent obstacle...