Imprimer

Ms A 73r

qu'Il voudra bien me prodiguer devant les anges et les Saints et dont il me donnait une faible image dès ce monde, aussi la consolation que je ressentis fut bien grande...

Comme je viens de le dire la journée du 10 Janvier fut le triomphe de mon Roi, je le compare à l'entrée de Jésus à Jérusalem le jour des rameaux ; comme celle de notre Divin Maître, sa gloire d'un jour fut suivie d'une passion douloureuse et cette passion ne fut pas pour lui seul ; de même que les douleurs de Jésus percèrent d'un glaive le coeur de sa Divine Mère, ainsi nos coeurs ressentirent les souffrances de celui que nous chérissions le plus tendrement sur la terre... Je me rappelle qu'au mois de Juin 1888, au moment de nos premières épreuves, je disais : «Je souffre beaucoup, mais je sens que je puis encore supporter de plus grandes épreuves.» Je ne pensais pas alors à celles qui m'étaient réservées... Je ne pensais pas que le 12 Février, un mois après ma prise d'habit, notre Père chéri boirait à la plus amère, à la plus humiliante de toutes les coupes...

Ah ! ce jour-là je n'ai pas dit pouvoir souffrir encore davantage !!!... Les paroles ne peuvent exprimer nos angoisses, aussi je ne vais pas essayer de les décrire. Un jour, au Ciel, nous aimerons à nous parler de nos glorieuses épreuves, déjà ne sommes-nous pas heureuses de les avoir souffertes ?... Oui les trois années du martyre de Papa me paraissent les plus aimables, les plus fructueuses de toute notre vie, je ne les donnerais pas pour toutes les extases et les révélations des Saints, mon coeur déborde de reconnaissance en pensant à ce trésor inestimable qui doit causer une sainte jalousie aux Anges de la Céleste cour...

Mon désir des souffrances était comblé, cependant mon attrait pour elles ne diminuait pas, aussi mon âme partagea-t-elle bientôt les souffrances de mon