Imprimer

Ms A 72v

A la fin de la cérémonie Monseigneur entonna le Te Deum, un prêtre essaya de faire remarquer que ce cantique ne se chantait qu'aux professions, mais l'élan était donné et l'hymne d'action de grâces se continua jusqu'au bout. Ne fallait-il pas que la fête fût complète puisqu'en elle se réunissaient toutes les autres ?... Après avoir embrassé une dernière fois mon Roi chéri, je rentrai dans la clôture, la première chose que j'aperçus sous le cloître fut «mon petit Jésus rose» me souriant au milieu des fleurs et des lumières et puis aussitôt mon regard se porta sur des flocons de neige... le préau était blanc comme moi. Quelle délicatesse de Jésus ! Prévenant les désirs de sa petite fiancée, il lui donnait de la neige... De la neige, quel est donc le mortel, si puissant fût-il, qui puisse en faire tomber du Ciel pour charmer sa bien-aimée ?... Peut-être les personnes du monde se firent-elles cette question, ce qu'il y a de certain, c'est que la neige de ma prise d'habit leur parut un petit miracle et que toute la ville s'en étonna. On trouva que j'avais un drôle de goût d'aimer la neige... Tant mieux ! cela fit encore ressortir davantage l'incompréhensible condescendance de l'Époux des vierges... de Celui qui chérit les Lys blancs comme la neige !...Monseigneur entra après la cérémonie, il fut d'une bonté toute paternelle pour moi. Je crois bien qu'il était fier de voir que j'avais réussi, il disait à tout le monde que j'étais «sa petite fille». A chaque fois qu'elle revint depuis cette belle fête, sa Grandeur fut toujours bien bonne pour moi, je me souviens surtout de sa visite à l'occasion du centenaire de N. P. St Jean de la Croix. Il me prit la tête dans ses mains, me fit mille caresses de toutes sortes, jamais je n'avais été aussi honorée ! En même temps le Bon Dieu me fit penser aux caresses